•  

    ECRIRE AU JARDIN 

     

    Michèle Legrand

     

    Le cerveau humain est conçu comme un vélocypède bigarré sur lequel on aurait greffé une moto-brouette !

     

    Cahin-caha, du premier cri au dernier souffle, le chemin est ponctué de gadins monumentaux. Parfois tout seul, en silence, chacun se trouve mis en abîme. Au 1er réveil par exemple, dans le petit matin calme, à se demander comment la si paisible personne que l’on est, si gentiment allongée sous la couette, écoutant la respiration lente et régulière de son amour couché tout à côté, a pu commettre des meurtres sanglants pendant la nuit, basculant tout son entourage dans des précipices lors d’une randonnée en montagne !

     

    Parfois le bug est retentissant… Surmultiplié par les médias, la SNCF se trouve la risée du monde entier. Faire des trains trop larges qui ne passent plus dans les quais d’Edgard ! Fulgence Bienvenue a beau fulminer dans sa tombe, le fait est là. Ça passe plus. Va falloir élargir!

     

    Ainsi de nombreux hospitalisés doivent sortir de leur lit pour sortir de leur chambre. Paralysés, aveugles, amputés, peu importe, leur lit à roulettes ne peut pas sortir ! Le petit vélocypède bigarré de l’architecte a encore sévi ! Bousculé par la greffe de la motobrouette, il n’a pas mesuré la largeur des portes !

     

     

     

    Cahin-caha, trop vite, trop vite, plus vite, plus vite, de galéjades en sombres dimanches, le tandem dépareillé nous joue quelques tours.

     

    Mystérieux compagnon de contrainte !

     


    votre commentaire
  • Sujet: Mise en scène d'un lieu personnifié : émotions ,espoirs ,secrets ,humeur, caractère ,un passé....

     

     Un lieu est très cher à mon cœur , c'est le Massif de la Meije dans le Briançonnais.

    Je dois monter le petit chemin de la montagne d'en face, pour éprouver des sensations hors du commun.   Après une heure de marche dans ce qu'on appelle "la montagne à vache", on s'asseoit et on ressent un calme, une poésie devant l'immensité du glacier de la Meije et des neiges éternelles de son sommet qui pointe vers le ciel, tout bleu aujourd'hui !

     

               C'est une joie indiscible de retrouver cette montagne toujours égale à elle-même!

     

            Est-elle consciente de me donner tant de joie?

     

     Elle est silencieuse mais elle me parle. Elle me révèle à moi-même! sa beauté brillante sous le soleil, m'inspire des sentiments de reconnaissance infinie envers la Nature toute entière. 

     

                   Elle est apaisante ,elle nous aime, nous les êtres humains qui bougeons, nous agitons sans cesse ! Son humeur est toujours égale à elle-même, elle nous rassure !

     

     

     

            Les colères des orages n'ont pas de prise sur son caractère; elle reste flegmatique devant les intempéries...

     

     

     

               Néanmoins a-t-elle des secrets à nous raconter?  N'est-elle pas préoccupée et triste de constater que son glacier fond d'année en année à cause du climat qui se réchauffe doucement mais sûrement?

     

     

     

               N'a-t-elle pas des sentiments de nostalgie et d'inquiétude vis-à-vis de son passé....d' il y a seulement cinquante ans ,où ses neiges étaient vraiment éternelles sur tout le Massif ?!!! Maintenant,il n'y a plus que les sommets qui restent blancs en été!...

     

               La Meije est une dame trop fière pour baisser la tête devant cette réalité irréversible dûe au climat.  Elle se dresse fièrement et courageusement , et pour l'éternité, enneigée ou non ,au dessus de ce merveilleux massif montagneux!

     

              

     

     

     

     

     

      Sujet: écriture très libre inspirée de l'écrit précédent.

     

     

     

    Poème....

     

     

     

             Beauté de la montagne enneigée qui brille au soleil  

     

                Beauté du glacier qui serpente entre les rochers

     

     

     

             Beauté de la mer immense , devant laquelle

     

                 On peut rester , sans voir passer le temps...

     

     

     

             Devant la montagne ou la mer

     

                  Le temps s'est arrêté

     

     

     

             Un sentiment de calme très rare

     

                  Nous envahit

     

        Le chant d'un oiseau

     

                Ou le vol d'un papillon

     

                    Vont ,seuls, réveiller nos sens endoloris

     

     

     

              Puis nous entendrons les grillons

     

                  Qui jouent à cache-cache avec les sauterelles

     

     

     

              Ou bien les cigales, en Méditerrannée ,

     

                   Et là, nous sommes complètement réveillés!

     

     

     

    Colette

     

     

     

     

     


    votre commentaire
  • L'atelier était centré sur " Pas facile ... " et s'est déroulé en 2 temps, "pas facile à dire" d'abord, puis "pas facile à taire" :


    On a échangé sur une liste de choses pas faciles à dire, et écrit ensuite un court texte sur un des sujets au choix, et sur le ton qu'on choisissait.


    Pour écrire ensuite sur des choses pas faciles à taire, on a comparé les 2 approches, fait une nouvelle liste (pareille ? différente ?), avant de se lancer dans des écrits du groupe en faisant tourner les feuilles. La consigne était de rentrer dans le ton donné au départ pour poursuivre chacune à notre façon.

     

     

     

     

    A toi, pour toi ma si douce amie et à toi son si charmant compagnon

     

    Il faisait si froid dans mon cœur en ce mois de décembre et vous m’avez accueillie ; Votre invitation à dîner avait ensoleillé toute ma semaine . Je ne savais quelle robe mettre pour vous visiter. Chère amie d’enfance avec qui j’ai partagé tant de frugalités dans nos goûters d’écolières. Nous n’avions alors que de petites tartines beurrées saupoudrées de sucre.

     

    Et là. Là, ce repas quelle splendeur ! Trois verres en cristal, trois couteaux, trois fourchettes. Mais lesquels utiliser ? Tant de bougies, de fleurs, d’assiettes successives ! Et vous voir si fatigués tous les deux mais attentifs aux moindres frémissements de mes lèvres !

     

    Comment vous remercier pour ce repas digne d’un roi ! Tant de bon vin de bonne cuvée, de viandes, un poisson, les fromages, quelle folie ; J’étais si bouleversée que j’ai renversé mon verre de vin rouge sur la nappe damassée… Vous étiez si gentils, trop gentils….

     

    Comment oser vous inviter dans ma si modeste demeure.

     

    Je suis si confuse, il y a trois ans déjà et ma missive est toujours sur l’écritoire….

     

    Michèle

     

     

     

     

        Ce qui n'est pas facile à taire.

     

     

       La colère m'inonde,je déborde!...Eh!bien non! je feins
    ,je serre le poing,je serai secrète,je suis toute rigide,j'essaie de sourire.

     

            Je ne dis rien,je rentre tout le ventre en tête,mes tripes se nouent,mes lèvres se talent en une ligne pâle ,une grimace souriée.

     

             En moi ça bouillonne encore un peu plus à chacun de mes sourires.  Aucune raison valable d'exploser  .  Lisse comme un mur laqué,l'autre ne m'offre aucune aspérité où je puisse grimper.   La fatigue va bientôt matelasser tout ça.  Encore une fois!

                  J'en ai assez de rentrer avec toutes ces rancœurs qui, la nuit, dansent la sarabande.  Je dors si mal avec tout ce chantier en moi.

     

                Mais lui, quels rêves ou quels cauchemars le hantent pendant qu'il dort? 

     

    Est-ce que son mur se fissure? est-ce que ses pensées bouillonnent,foisonnent,s'expriment?

     

                 Est-ce qu'il parle? est-ce qu'il peint?  Je trouverai la brèche, son talon d'Achille.  Sa froideur est-elle de l'indifférence?  N'a-t-il pas assez de mots, pas les mots qu'il faut?

     

              Oui! c'est ça,il n'a pas les mots qu'il faut.  Sa froideur apparente n'est pas de l'indifférence ; il ne sait comment vivre, comment parler , exprimer ce qu'il a en lui! 

     

               C'est pour ça qu'il excelle quand il peint .  D'ailleurs,  il affine son art et fait de plus en plus de très beaux tableaux.   C'est sa façon à lui de s'exprimer . Il a pris "la diagonale" avec moi !  Ce n'est plus la peine que je m'énerve intérieurement .  Nous nous retrouvons en étant heureux tous les deux, devant un tableau!

    Colette duflot

     

     

     

     

    Le dernier rendez-vous.

     

    Jérôme, le rendez-vous à ne pas manquer c’est maintenant. Si je termine ce billet, si l’attente dure jusqu’au mot « Adieu » et que tu n’es toujours pas là, je jette l’éponge.      

    J’ai d’abord fait le poireau plus d’une heure au lieu convenu, devant les jardins partagés, pas âme qui vive... J’ai pensé que tu étais encore au travail.

    Après trente minutes de marche en plein cagnard j’apprends que tu as quitté les locaux dès le milieu de la matinée. Tu me diras que tu étais en rendez-vous extérieurs, que tu avais ensuite un déjeuner professionnel, que tu as fait quelques petites courses que tu as malencontreusement perdu ton portable qu’il y avait sur la départementale 875 une opération escargots des viticulteurs un contrôle de la gendarmerie qui a désossé la voiture à la recherche de cocaïne la liste des aléas de tes journées est infinie et, si je n’étais pas là en bout de course à t’attendre, j’admirerais tes capacités inventives et ton aplomb.

    Mais là sache-le j’en suis à mon troisième demi-pression, au bar des alouettes, ou des coucous peut-être bien, depuis des heures au bout du rouleau, saturée d’écume, la nuit s’avance à l’horizon noirci, et toujours désespérément vide. C’était Jérôme le rendez-vous à ne pas manquer. ADIEU.

     

    Annette

     

     

     

    Textes collectifs :

     

     

     

    Le repas s’est déroulé selon les exigeantes traditions de faste attachées aux repas d’ambassade. Apéritif sous la paillote dans les jardins. Série de plats délicieux originaux teintés d’exotisme et hors de prix jusqu’au dessert. Puis vint le moment du café.

     

    Les convives se sont levés par petits groupes et se sont installés lourdement dans des fauteuils en rotin sous des parasols et ont recommencé à bavarder entre gens de mêmes affinités, un peu alourdis par la digestion.

     

    Tout le monde est trop poli. L’ennui s’insinue puis suinte hardiment d’une grosse dame en rose et vraiment très près de l’ambassadeur. J’essaie de tourner la tête mon sourire et ma bonne éducation fixés sur mes lèvres. Quand Bob, le journaliste de service me tape sur l’épaule d’une façon déconcertante et retentissante je me retourne avec une grimace non retenue. Il éclate de rire et m’entraîne sur la terrasse : enfin la première bouffée de vérité de la journée. Ces manières brutes de décoffrage me paraissent un bel hommage et j’engloutis le Mojito qu’il me tend.

     

    Ouf Sauvée!! Pour tout l’or du monde je n’y retournerai pas ; Mais comment prévenir ma copine qui reste engluée dans ce joli monde protocolaire et qui bien sûr a poliment éteint son portable… Une idée. Elle est futée et doit avoir laissé son vibreur. Ouf. Ca vibre.

     

    « Rejoins-moi devant l’hôtel, invente n’importe quoi, que ton canari est malade, moi je sortirai en pressant un mouchoir sur mes lèvres avec mes lunettes noires et Bob me soutiendra par le bras…

    ......................

     

     

    Je ne dis plus jamais à une jeune femme « Oh sympa ! Tu attends un bébé ! ». Je me tais, même si je suis curieuse et surprise devant ces amies pas revues depuis longtemps… Car par deux fois dans ma vie, je me suis pris un « râteau »… les jeunes femmes en question avaient simplement beaucoup grossi…

     

    Et bien là devant moi Irène étale ses rondeurs comme une reine. Je la trouve très belle dans sa robe lilas aquarelle. Je souris, parle de la pluie et du beau temps, lui demande de me décrire ses vacances en Indonésie. Je ne regarde pas son ventre, lui demande des nouvelles de son nouvel appartement quand soudain survient Jérôme son mari.

     

    Choc. Blanc. Bafouillage. Je ne sais plus où poser mes yeux. Il me regarde pourtant avec insistance, du genre « moi aussi ». Je le sens comme un chasseur, un prédateur. Tous mes sens sont en alerte. Il me plaît. Il est follement séduisant. Comment peut-elle lui plaire ? Il doit aimer les rondeurs. Pas question de laisser la séduction faire son œuvre. Fermons les écoutilles. Elle m’invite à venir voir le montage de leur vidéo en Indonésie ! Qu’est-ce que je peux dire ? J’ai vraiment l’air d’une sotte. Bécassine, c’est ma cousine !

     

    • Dis, autant que je te le dise, j’ai décidément du mal avec tes copines Irène. Celle d’hier soir vraiment la reine des bécasses. Sans arrêt à me reluquer en battant des cils les yeux fuyants, genre « Il me plaît, c’est fou ce qu’il me plaît, oh je lui plais ! Il va craquer, pas étonnant avec en face le gros ventre lilas et les rondeurs pastel »

    •  

      Ah elle aussi ? Décidément les copines ne sont plus ce qu’elles étaient ! On en essayeune autre demain, d'accord ? Il faisait sur son bidon tout rond plein de baisers passionnés. Elle lui caressait tendrement les cheveux. 

     

     

    ......................

     

     

    Tu es très sérieux. Le moment est grave.

    Il fait si lourd dans le secrétariat où tu attends que le PDG qui t’a convoqué veuille bien te recevoir. Va-t-il t’annoncer ton licenciement ou une promotion ?

    Pourquoi toi ? Qu’as-tu fait ces derniers mois pour te distinguer ?

    Ah, enfin un signal sonore, tu pousses la porte. Bureau immense. Sans lever le nez il te dit de t’asseoir. Sur la pointe des fesses, les mains moites. Tu attends. Là, il lève la tête, il louche affreusement …

     

    Monsieur … ? Oui c’est bien ça monsieur Durite … Duris Monsieur. Durite c’est ça, dit-il en louchant vers la fenêtre, de telle sorte que je ne peux m’empêcher d’y jeter un coup d’œil.

    C’est là qu’est la pendule. Elle marque 10 heures. Non seulement il est sourd mais il a l’air pressé.

    De la sueur coule de ma nuque jusqu’au creux de mes reins, ça me fait froid dans le dos. Il furette dans un dossier et martèle, marquant des pauses comme sur un chemin de croix : »Eh bien. Monsieur Durite. Vous n’êtes pas sans imaginer. Vous pensez bien que. Si je vous ai convoqué ce matin. C’est que …

     

    Vous êtes nommé Directeur du Personnel. Je sais c’est une lourde responsabilité mais je pense que vous en avez les compétences » En fait je pense que mon PDG a créé ce poste pour moi car il ne se sentait plus capable de l’assurer lui-même. En mon for intérieur je me dis que son strabisme devait déstabiliser les employés éventuels à l’embauche et faisait aussi sourire les syndicats… Il valait mieux quelqu’un d’autre pour le personnel et le poste de Directeur du Personnel … !

     

    Il est là devant moi mon directeur, je ne dois pas me réjouir directement, donc je souris bêtement en remerciant tête baissée. Rester humble ! Surtout ne pas le regarder dans les yeux car je risque d’avoir envie de rire. J’utilise toute ma politesse et mon éducation : je demande des conseils et je tais ma principale question : Quel sera mon salaire ? Le théâtre a commencé, il faut que je prenne des cours de diplomatie pour assumer ce nouveau rôle sans choquer personne.

    Finie la liberté. Ma femme en sera très honorée et on partira en croisière aseptisée. Et les enfants seront aussi contents …

     

    Collectif

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


    votre commentaire
  •  

    comme entrée en matière, on nous fait lecture d'un extrait de texte de l'écrivain Francis Ponge « Le parti pris des choses »

     

            *La première partie de l'atelier consiste a se laisser imaginer la fin de chaque phrase, dont le début reste le même « il faut que j'écrive » ensuite on nous donne un mot et une syllabe....

    voici

     

    Il faut que j'écrive …............. pour m'élancer.

                                                        Pour me détendre

                                  pour me reconnaître

                                               pour mon ouverture

                                                               pour les possibles

                                                         pour jouer

                         pour en terminer enfin.

     

     

             *Puis on prends un temps pour associer des verbes a ce que nous renvoie le « banc »

     

    S'assoir        se lever           se reposer         rêver      

           s'allonger             voir                          regarder          

      prendre le temps             discuter             

    écouter                                                     jouer à saute

    mouton          observer               raconter   

                              lire           écrire         sommeiller  

                ronfler          s'extasier         

    se bécoter sur le banc public                          se délasser                                                                  méditer  

                      se retrouver                    s'aimer          bronzer             échanger               tuer le temps        

          dessiner                            contempler la lune

                        écouter le pépiement des oiseaux        

          donner la gougoutte à son chat        

                        profiter de la vue                       oublier    

                               repartir d'un bon pied     

                                         manger                  attendre      

                  apprécier la saveur                  

        prendre un enfant sur ses genoux...

     

     

     

          *Vient le tour de dire ce dont on a besoin pour faire un banc, sous entendu les choses mais aussi l'atmosphère...

     

     

     

     

    --Un facteur de banc qui se dit : Tiens, je vais faire un banc !

    --Un abc et un n

    --Qu'on ne le confonde pas avec les fraises des bois

    --Qu'il ait l'air d'avoir poussé spontanément et qu'en même temps on reconnaisse une fabrication soignée

    --De la matière première et une source d'énergie

    --Un lieu où le poser

    --Un jardin public,une école ou même la mer ( pour les bancs de poissons )

    --Penser aux usagers futurs du banc

    ...

     Jean Louis

     

    Pour faire un banc

    Il faut du bois, du fer et l’envie,

    Pour faire un banc

    Il faut de la patience, du savoir et des clous,

    Pour faire un banc

    Il faut l’œil, le compas et l’endroit,

    Pour faire un banc

    Il faut du courage et être fatigué

    Pour faire un banc, ce n’est pas sorcier,

    Il faut savoir s’asseoir au bon endroit, au bon moment, seul ou accompagné.

     

    En fait ce n’est pas l’homme qui fait le banc, c’est le banc qui fait l’homme.

    Nathalie

     

     

    Pour mon banc, je voudrais........ de la verdure, des oiseaux chanteurs, des fourmis organisées, des lézards, des fleurs, des hérissons, des cris de joie, des pleurs et de la bonne humeur.

     

    Son essence donnerait le ton, sa forme...........une invitation à s'assoir pour s'y dévoiler d'un seul regard, il saurait nous faire dire ce qui nous tient là tout au fond, accueillant sans compter les joies et les peines pour que le temps d'un instant les mots prennent vie et apportent à l'être sa nourriture pour s'évoluer. Se permettre de continuer encore et toujours.

     

    La vie autour de ce banc nous montre au fil du temps que rien ne se perd, tout se transforme. De la baie à oiseaux, à la fleur ombellifère, des tas de branches entreposées à l'abri du hérisson, de l'arbre fleurit donnant naissance à son fruit puis viennent les feuilles mortes qui s'étalent sur le sol lui donnant sa couverture pour l'hiver. Tout à sa place dans ce monde, personne n'est en dessous de l'autre.

     

    Seul nous sommes peu de chose, ensemble nous formons le tout.

     

    Ce banc à dans son regard l'envie d'accueillir pour réunir et ainsi participer à ce tout.

    E2m

     

     

    Pour faire un banc, c’est très simple, il suffit d’un lieu. Un lieu essentiel, une invite, une pause pour arrêter le temps.

     

    L’endroit doit être abrité, abrité du vent qui décoiffe les pensées. Il ouvre sur une vue dégagée d’où s’embarquent les rêveries. Ou à l’inverse est un lieu clos qui protège des risques d’intrusion et des bruits du monde, des cadences agitées. C’est un lieu pour se retrouver. Se retrouver seul face à soi-même, lieu de méditation. Se retrouver avec d’autres et faire des rencontres, lieu d’échanges.

     

    Le banc est donc là. Là où il doit être. Là où vous l’avez mis. Solide. Prêt à accueillir tout ce qui se présentera, il attend, l’homme, l’oiseau, la feuille, la lumière et la nuit. C’est un être de patience et de tolérance que le temps qui passe effleure à peine, que le temps qu’il fait n’effarouche pas.

    Quand tout passe autour de lui, il reste là. Laissez-lui un message, il transmettra.

     

    Annette

     

     

    Si j'avais un marteau,j'assemblerais des planches,je taperais les clous,j'y mettrais tout mon coeur et j'y mettrais mon père,ma mère,mes frères et mes soeurs,oh,oh,ce serait le bonheur ...., !

     

      Sans oublier un coin de ciel bleu printanier à l'ombre d'un saule pleureur,au pied de la mare aux grenouilles .

     

      Un auvent de pousses de bambou pour nous abriter des coups de soleil et aussi des coups de pleine lune ...

     

      Et là,juste à côté,un petit carré de fraises et de fruits rouges pour grapiller le temps d'une lecture sous mon chapeau de paille,tout près de mon amoureux,car le banc est avant tout public .

     

      (air) " Les amoureux qui s'bécotent sur les bancs publics,bancs publics,ont des p'tites gueules bien sympathiques ... !

    Sylvie

     

     

    Voir le banc... imaginer une scène... un banc, c'est tout une histoire...

     

     

     

    Quand j'étais enfant (eh oui,j'ai été enfant ! ) mes parents écoutaient chaque jour un feuilleton radiophonique -" SUR LE BANC " -que nous écoutions religieusement tout en déjeunant. Un bon moment de partage.

    Chaque jour, deux protagonistes échangeaient des considérations sur l'air du temps, la vie comme elle va, l'actualité. Je me souviens de leurs noms : Jane Sourza et Raymond Souplex, mais d'un seul nom de personnage : La Hurlette.

    Un peu Monsieur et Madame Toulemonde, un peu clochards avinés, ayant leur avis sur tout - et pas le même pour chacun. Une belle école d'expression spontanée et d'argumentation ... Alors que, maintenant, je suis à cours d'idées, je vois, à point nommé, qu'arrive " un ouvrier en bleu de travail avec sac à pique-nique " qui sort d'on ne sait où (*). Comme c'est un banc aux normes gilbertiennes (**), à la tienne Etienne ! que lui disent les deux complices, se poussant un peu : quand il y en a pour deux il y en a pour trois ! Et l'ouvrier, de bon coeur, sort de sa musette son repas qu'il partage. C'est un établi de fraîche date à l'usine Pône-Roulenc du coin et les deux autres le charrient sur son activisme révolutionnaire, lui qui s'affaire sur le banc d'essai des aspirateurs, et eux qui n'aspirent qu'à essayer de ne rien faire, sur le banc .

      * mais si, d'une pochette surprise apportée par le producteur de l'émission !

     ** normes dont nous venons tout juste de prendre connaissance à l'heure où nous relatons cette rencontre .

    Jean Louis

     

     

    J’étais encore jeune et vert lorsque mon père a tracé ma destinée.

     

    J’aurais pu devenir buffet ou escalier mais ma mère a préféré que je m’ouvre aux autres. Alors on m’a scié, poncé, collé, pour faire de moi un banc, solide et durable. J’ai aujourd’hui un siècle et je résiste au temps. J’en ai vu des fessiers défiler. Des petits potelés qui ne tenaient pas en place et me barbouillaient de confiture, des mous et flasques qui avaient tendance à s’incruster. J’ai subi des maigres et osseux qui m’ont fatigué de leurs médisances. Des stéatopyges, lourds mais confortables.

     

    Ceux que je préférais, c’était les rebondis, sans cesse en mouvement qui se disaient des je t’aime.

     

    Il y a eu des impatients, des agités, des geignards, des amorphes, des illuminés. De toutes formes, de toutes couleurs, des rigolards, des puants.

     

    Avec le temps ils m’ont poli, creusé, gravé, sculpté, et j’ai appris beaucoup. J’en aurais à raconter si l’on m’y autorisait, mais je suis un banc et je ne dirai rien, je suis un confident ! Mais tout de même quelle drôle d’anatomie ont ces humains …

    Nathalie

     

     

     

     

    L'homme est là, assit sur son banc, je dis son banc car je le vois tous les jours venir s'y assoir.

     

    Il porte sur sur lui, pour la saison, un grand manteau beige et un chapeau.

     

    Quelquefois c'est le journal qui l'occupe là pendant un temps, d'autre fois plutôt un livre.

     

    Il jette par dessus ses lectures un regard furtif au monde qui l'entoure, et ...dans ce jardin public... ce n'est pas la distraction qui manque.

     

    Ainsi il observe en toute discrétion cette dame agée légèrement voutée se parlant à elle même et aux pigeons a qui elle ne manque jamais d'emmener de quoi picorer.

     

    Puis il y a ces mères promenant leur progéniture tout en discutant de leurs petites affaires entre amies, sans cesser de surveiller du coin de l'oeil les plus grands qui jouent à culbuter dans l'herbe et se prendrent pour un singe quand enfin ils ont la taille pour aborder les premières branches.

     

    Soudain, arrive un ado promenant son chien, et là, rien ne va plus, les pigeons s'envolent, les mères prient à leurs enfants de ne pas s'approcher de la bête et attendent de voir si ce jeune homme aura la bienveillance de ramasser les quelques déches nauséabonds que posera inévitablement cette même « bête. »

     

    Pourtant, à bien y regarder, il a un regard doux l'animal, peut-être qu'en apprenant à se parler, beaucoup de choses changeraient?

     

    Enfin l'ado sort du parc, l'homme retourne à sa lecture, tandis que moi, gardien des lieux, je reste à veiller.

     

    Le lutin vert

     

     

     

    BANC DE PLAGE

     

    Les personnages : Un pêcheur. Sa femme. Leur petit-fils. Un vieux banc, muet d’en avoir trop entendu, mais qui a gardé l’oreille fine et qui n’en pense pas moins.

     

    Le rideau se lève sur une petite plage, peu profonde, quelques galets ronds ourlent le bord de l’eau, une barque est amarrée au banc de sable à proximité. Plus loin sur la droite on aperçoit le petit port du village, quelques bateaux de pêche, le bistrot du quai est fermé pour congés annuels, c’est l’hiver. Sur le banc de la plage, Mario, moustache grise et casquette, la soixantaine, est assis près de Jeanne, sa femme, l’air fatigué, appuyée en avant le menton sur sa canne. Il tire son filet entre deux grosses mains calleuses, scrute chaque maille, reprise avec patience, enroule ce qui est fait à côté de lui. Elle suit avec intérêt les va et vient du petit au bord de l’eau. Moussa, six ans, est totalement absorbé à vider la mer pour remplir les douves du château.

     

    Le banc – Il est lent cet enfant. D’habitude après deux-trois seaux ils ont compris que c’était à fond perdu, ils s’impatientent, embêtent les adultes, qui finissent par plier bagage. Mais là ce que c’est long ! Je me demande s’ils n’ont pas encore grossi, ça devient très très lourd. Je vais craquer.

     

    Mario, avé l’acint – Té, demain je retourne au banc de sardines, c’est la bonne lune.

     

    Jeanne, même accent – Eh bé si c’est avecque des sardines que tu veux que je fasse la soupe de poissons té, béh, ce sera pas bien riche hé !

     

    Le banc – C’est pas moi qui m’en plaindrai …

     

    Mario - Béh, c’est que … c’est la météo té. S’ils annoncent la pluie je peux pas aller à la rascasse, et pour la bouillabaisse eh bé tu te débrouilleras … (sa voix se perd sur ce mot …)

     

    Le banc – Ah ! Un jour de repos ! J’aime la pluie et le grand vent, ces jours où même les amoureux ne me voient pas, occupés à courir…

     

    Epilogue : L’été suivant, sur la même plage, une latte a cédé, un pied s’est affaissé, le banc a commencé à s’enliser.

    Anette

     

     

     

    ...Et bâiller,et rêver,et dormir : c'était la tâche du jour en ce mardi de printemps . Mon petit panier avec mon en cas, allongée sur mon banc préféré, au milieu du jardin, je lézarde au soleil, mon chapeau de paille sur le bout de mon nez. Et je rêve, je rêve que soudain, comme le dit la chanson, c'est pas l'homme qui fait le banc, c'est le banc qui fait l'homme ...

    Si tous les bancs du monde ... Le banc a de la mémoire :

     

      Me voilà transportée au bord de l'océan, sous les cocotiers. L'eau du lagon, d'un vert émeraude, me tend les bras. Je plonge. Un banc de sardines vient me frôler le ventre. Les algues ondoient à chaque coup de palme. Etendue, j'entends, là, tout près, les ukuleles des musiciens traditionnels aux torses tatoués, beaux comme des dieux, me sussurer à l'oreille mes airs préférés.

     

      Soudain,je suis sortie brusquement de mes rêveries solitaires par de grands rires moqueurs.

     

    -T'as pas fini de ronfler ? On entend que toi à cent mètres à la ronde !

     

    J'écarquille les yeux et découvre toute la bande des jardiniers, pioches et bêches à la main ...

     

    -Debout ! C'est l'heure de défricher la parcelle collective !

     

    Crotte de bique ! Il est 14 h et j'ai subitement faim !

     

    Sylvie

     

     


    1 commentaire
  •  

     

     

    Détournement du poème d'Aragon " Poème à crier dans les ruines "

     

    L'ivresse précipitait ma course à travers les rues de la ville

    Qui, les jours de marché,grouillent de monde

    Que le jour déclinant chasse illico .

     

    Je me souviens de ces vitrines reflétant mon image .

    De tant de points de vue contradictoires .

    De tant de facettes d'une même vie .

    De tant de rencontres inabouties .

    De tant de rues lointaines 

     

    Où le monde grouille,les jours de marché ...

    Au cri d'Hélène,ce jour-là ...

    Je me souviens du chapeau enrubanné qu'elle portait .

    Je ne l'ai plus revue depuis .

    Si le coeur vous en dit

    O,passant,retrouvez-là !

    J.L

     

     

     

     

     

    Poème à ruiner tous les cris

     

    Nous n'en menions pas large,

    Tous, au bord du vide .

    Il nous laissait sans voix .

     

    Lui-même n'en avait pas :

    Aucun son ne sortait de sa bouche .

    Nulle expression pour animer son visage .

     

    Pas un geste,

    Jamais un mouvement vers un autre hypothétique .

    Mortifiante l'immobilité de rigueur . 

     

    Nous étions suspendus à ses lèvres closes,

    Tous,médusés .

     

    Je m'en souviens comme si c'était hier,

    De ce climat délétère,

    Tous, au bord du vide .

    Tous ,désemparés .

     

    Aux cris étranglés dans notre gorge,

    Incapables d'aller à l'encontre

    De ce roc inhumain.

            Jean-Louis

     

     

     

    Poème à conter fleurette

     

    L'ivresse précipitait ma course à travers...

    Qui,que,quoi ?

    Que le jour à peine levé...

     

    Je me souviens de cette nuit précise,

    De tant de douceur,

    De tant de tendresse,

    De tant de langueur,

    De tant de volupté,

     

    Où vous avez répondu,enfin,

    Au cri d'amour, éperdu, oui .

    Je me souviens de cette nuit précise .

     

    Je,vous,nous,

    Si le coeur vous en dit

     

    O ma beauté,allons voir si la rose ...

     

    Sylvie

     

     

     

    Poème à raser les murs

     

     

     

    Finie,la grève . Rien . Rien de rien !

     

    Nous voilà, hébétés, sur le bord du trottoir,

     

    banderoles déchirées, à peine roulées,

     

    que le vent cinglant a malmenées

     

    sous l'effort de nos bras tendus.

     

    Finie la grève . Rien . Rien de rien !

     

    Peu à peu, les rues dégueulent

     

    nos faces hébétées, nos bras ballants .

     

    OUI ! NON ! Nous avons hurlé notre colère .

     

    INJUSTICE ! INJUSTICE ! INJUSTICE !

     

    Finie la grève . Rien . Rien de rien .

     

    Qu'aurons-nous à dire à nos enfants ?

     

    Que les puissants ont encore une fois gagné ?

     

    Mais gagné quoi au juste,

     

    puisqu'ils creusent avec nous,

     

    contre nous, contre tout,

     

    la fin d'un monde ...

     

    Finie la grève . Rien . Rien de rien .

     

    Rentrer chez soi, Abattus ? Raser les murs ?

     

    Non ! Relever la tête, haute, toujours plus haute

     

    et rêver encore au jour qui se lève !

      

    Sylvie

     


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique