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écritures de février
comme entrée en matière, on nous fait lecture d'un extrait de texte de l'écrivain Francis Ponge « Le parti pris des choses »
*La première partie de l'atelier consiste a se laisser imaginer la fin de chaque phrase, dont le début reste le même « il faut que j'écrive » ensuite on nous donne un mot et une syllabe....
voici
Il faut que j'écrive …............. pour m'élancer.
Pour me détendre
pour me reconnaître
pour mon ouverture
pour les possibles
pour jouer
pour en terminer enfin.
*Puis on prends un temps pour associer des verbes a ce que nous renvoie le « banc »
S'assoir se lever se reposer rêver
s'allonger voir regarder
prendre le temps discuter
écouter jouer à saute
mouton observer raconter
lire écrire sommeiller
ronfler s'extasier
se bécoter sur le banc public se délasser méditer
se retrouver s'aimer bronzer échanger tuer le temps
dessiner contempler la lune
écouter le pépiement des oiseaux
donner la gougoutte à son chat
profiter de la vue oublier
repartir d'un bon pied
manger attendre
apprécier la saveur
prendre un enfant sur ses genoux...
*Vient le tour de dire ce dont on a besoin pour faire un banc, sous entendu les choses mais aussi l'atmosphère...
--Un facteur de banc qui se dit : Tiens, je vais faire un banc !
--Un abc et un n
--Qu'on ne le confonde pas avec les fraises des bois
--Qu'il ait l'air d'avoir poussé spontanément et qu'en même temps on reconnaisse une fabrication soignée
--De la matière première et une source d'énergie
--Un lieu où le poser
--Un jardin public,une école ou même la mer ( pour les bancs de poissons )
--Penser aux usagers futurs du banc
...
Jean Louis
Pour faire un banc
Il faut du bois, du fer et l’envie,
Pour faire un banc
Il faut de la patience, du savoir et des clous,
Pour faire un banc
Il faut l’œil, le compas et l’endroit,
Pour faire un banc
Il faut du courage et être fatigué
Pour faire un banc, ce n’est pas sorcier,
Il faut savoir s’asseoir au bon endroit, au bon moment, seul ou accompagné.
En fait ce n’est pas l’homme qui fait le banc, c’est le banc qui fait l’homme.
Nathalie
Pour mon banc, je voudrais........ de la verdure, des oiseaux chanteurs, des fourmis organisées, des lézards, des fleurs, des hérissons, des cris de joie, des pleurs et de la bonne humeur.
Son essence donnerait le ton, sa forme...........une invitation à s'assoir pour s'y dévoiler d'un seul regard, il saurait nous faire dire ce qui nous tient là tout au fond, accueillant sans compter les joies et les peines pour que le temps d'un instant les mots prennent vie et apportent à l'être sa nourriture pour s'évoluer. Se permettre de continuer encore et toujours.
La vie autour de ce banc nous montre au fil du temps que rien ne se perd, tout se transforme. De la baie à oiseaux, à la fleur ombellifère, des tas de branches entreposées à l'abri du hérisson, de l'arbre fleurit donnant naissance à son fruit puis viennent les feuilles mortes qui s'étalent sur le sol lui donnant sa couverture pour l'hiver. Tout à sa place dans ce monde, personne n'est en dessous de l'autre.
Seul nous sommes peu de chose, ensemble nous formons le tout.
Ce banc à dans son regard l'envie d'accueillir pour réunir et ainsi participer à ce tout.
E2m
Pour faire un banc, c’est très simple, il suffit d’un lieu. Un lieu essentiel, une invite, une pause pour arrêter le temps.
L’endroit doit être abrité, abrité du vent qui décoiffe les pensées. Il ouvre sur une vue dégagée d’où s’embarquent les rêveries. Ou à l’inverse est un lieu clos qui protège des risques d’intrusion et des bruits du monde, des cadences agitées. C’est un lieu pour se retrouver. Se retrouver seul face à soi-même, lieu de méditation. Se retrouver avec d’autres et faire des rencontres, lieu d’échanges.
Le banc est donc là. Là où il doit être. Là où vous l’avez mis. Solide. Prêt à accueillir tout ce qui se présentera, il attend, l’homme, l’oiseau, la feuille, la lumière et la nuit. C’est un être de patience et de tolérance que le temps qui passe effleure à peine, que le temps qu’il fait n’effarouche pas.
Quand tout passe autour de lui, il reste là. Laissez-lui un message, il transmettra.
Annette
Si j'avais un marteau,j'assemblerais des planches,je taperais les clous,j'y mettrais tout mon coeur et j'y mettrais mon père,ma mère,mes frères et mes soeurs,oh,oh,ce serait le bonheur ...., !
Sans oublier un coin de ciel bleu printanier à l'ombre d'un saule pleureur,au pied de la mare aux grenouilles .
Un auvent de pousses de bambou pour nous abriter des coups de soleil et aussi des coups de pleine lune ...
Et là,juste à côté,un petit carré de fraises et de fruits rouges pour grapiller le temps d'une lecture sous mon chapeau de paille,tout près de mon amoureux,car le banc est avant tout public .
(air) " Les amoureux qui s'bécotent sur les bancs publics,bancs publics,ont des p'tites gueules bien sympathiques ... !
Sylvie
Voir le banc... imaginer une scène... un banc, c'est tout une histoire...
Quand j'étais enfant (eh oui,j'ai été enfant ! ) mes parents écoutaient chaque jour un feuilleton radiophonique -" SUR LE BANC " -que nous écoutions religieusement tout en déjeunant. Un bon moment de partage.
Chaque jour, deux protagonistes échangeaient des considérations sur l'air du temps, la vie comme elle va, l'actualité. Je me souviens de leurs noms : Jane Sourza et Raymond Souplex, mais d'un seul nom de personnage : La Hurlette.
Un peu Monsieur et Madame Toulemonde, un peu clochards avinés, ayant leur avis sur tout - et pas le même pour chacun. Une belle école d'expression spontanée et d'argumentation ... Alors que, maintenant, je suis à cours d'idées, je vois, à point nommé, qu'arrive " un ouvrier en bleu de travail avec sac à pique-nique " qui sort d'on ne sait où (*). Comme c'est un banc aux normes gilbertiennes (**), à la tienne Etienne ! que lui disent les deux complices, se poussant un peu : quand il y en a pour deux il y en a pour trois ! Et l'ouvrier, de bon coeur, sort de sa musette son repas qu'il partage. C'est un établi de fraîche date à l'usine Pône-Roulenc du coin et les deux autres le charrient sur son activisme révolutionnaire, lui qui s'affaire sur le banc d'essai des aspirateurs, et eux qui n'aspirent qu'à essayer de ne rien faire, sur le banc .
* mais si, d'une pochette surprise apportée par le producteur de l'émission !
** normes dont nous venons tout juste de prendre connaissance à l'heure où nous relatons cette rencontre .
Jean Louis
J’étais encore jeune et vert lorsque mon père a tracé ma destinée.
J’aurais pu devenir buffet ou escalier mais ma mère a préféré que je m’ouvre aux autres. Alors on m’a scié, poncé, collé, pour faire de moi un banc, solide et durable. J’ai aujourd’hui un siècle et je résiste au temps. J’en ai vu des fessiers défiler. Des petits potelés qui ne tenaient pas en place et me barbouillaient de confiture, des mous et flasques qui avaient tendance à s’incruster. J’ai subi des maigres et osseux qui m’ont fatigué de leurs médisances. Des stéatopyges, lourds mais confortables.
Ceux que je préférais, c’était les rebondis, sans cesse en mouvement qui se disaient des je t’aime.
Il y a eu des impatients, des agités, des geignards, des amorphes, des illuminés. De toutes formes, de toutes couleurs, des rigolards, des puants.
Avec le temps ils m’ont poli, creusé, gravé, sculpté, et j’ai appris beaucoup. J’en aurais à raconter si l’on m’y autorisait, mais je suis un banc et je ne dirai rien, je suis un confident ! Mais tout de même quelle drôle d’anatomie ont ces humains …
Nathalie
L'homme est là, assit sur son banc, je dis son banc car je le vois tous les jours venir s'y assoir.
Il porte sur sur lui, pour la saison, un grand manteau beige et un chapeau.
Quelquefois c'est le journal qui l'occupe là pendant un temps, d'autre fois plutôt un livre.
Il jette par dessus ses lectures un regard furtif au monde qui l'entoure, et ...dans ce jardin public... ce n'est pas la distraction qui manque.
Ainsi il observe en toute discrétion cette dame agée légèrement voutée se parlant à elle même et aux pigeons a qui elle ne manque jamais d'emmener de quoi picorer.
Puis il y a ces mères promenant leur progéniture tout en discutant de leurs petites affaires entre amies, sans cesser de surveiller du coin de l'oeil les plus grands qui jouent à culbuter dans l'herbe et se prendrent pour un singe quand enfin ils ont la taille pour aborder les premières branches.
Soudain, arrive un ado promenant son chien, et là, rien ne va plus, les pigeons s'envolent, les mères prient à leurs enfants de ne pas s'approcher de la bête et attendent de voir si ce jeune homme aura la bienveillance de ramasser les quelques déches nauséabonds que posera inévitablement cette même « bête. »
Pourtant, à bien y regarder, il a un regard doux l'animal, peut-être qu'en apprenant à se parler, beaucoup de choses changeraient?
Enfin l'ado sort du parc, l'homme retourne à sa lecture, tandis que moi, gardien des lieux, je reste à veiller.
Le lutin vert
BANC DE PLAGE
Les personnages : Un pêcheur. Sa femme. Leur petit-fils. Un vieux banc, muet d’en avoir trop entendu, mais qui a gardé l’oreille fine et qui n’en pense pas moins.
Le rideau se lève sur une petite plage, peu profonde, quelques galets ronds ourlent le bord de l’eau, une barque est amarrée au banc de sable à proximité. Plus loin sur la droite on aperçoit le petit port du village, quelques bateaux de pêche, le bistrot du quai est fermé pour congés annuels, c’est l’hiver. Sur le banc de la plage, Mario, moustache grise et casquette, la soixantaine, est assis près de Jeanne, sa femme, l’air fatigué, appuyée en avant le menton sur sa canne. Il tire son filet entre deux grosses mains calleuses, scrute chaque maille, reprise avec patience, enroule ce qui est fait à côté de lui. Elle suit avec intérêt les va et vient du petit au bord de l’eau. Moussa, six ans, est totalement absorbé à vider la mer pour remplir les douves du château.
Le banc – Il est lent cet enfant. D’habitude après deux-trois seaux ils ont compris que c’était à fond perdu, ils s’impatientent, embêtent les adultes, qui finissent par plier bagage. Mais là ce que c’est long ! Je me demande s’ils n’ont pas encore grossi, ça devient très très lourd. Je vais craquer.
Mario, avé l’acint – Té, demain je retourne au banc de sardines, c’est la bonne lune.
Jeanne, même accent – Eh bé si c’est avecque des sardines que tu veux que je fasse la soupe de poissons té, béh, ce sera pas bien riche hé !
Le banc – C’est pas moi qui m’en plaindrai …
Mario - Béh, c’est que … c’est la météo té. S’ils annoncent la pluie je peux pas aller à la rascasse, et pour la bouillabaisse eh bé tu te débrouilleras … (sa voix se perd sur ce mot …)
Le banc – Ah ! Un jour de repos ! J’aime la pluie et le grand vent, ces jours où même les amoureux ne me voient pas, occupés à courir…
Epilogue : L’été suivant, sur la même plage, une latte a cédé, un pied s’est affaissé, le banc a commencé à s’enliser.
Anette
...Et bâiller,et rêver,et dormir : c'était la tâche du jour en ce mardi de printemps . Mon petit panier avec mon en cas, allongée sur mon banc préféré, au milieu du jardin, je lézarde au soleil, mon chapeau de paille sur le bout de mon nez. Et je rêve, je rêve que soudain, comme le dit la chanson, c'est pas l'homme qui fait le banc, c'est le banc qui fait l'homme ...
Si tous les bancs du monde ... Le banc a de la mémoire :
Me voilà transportée au bord de l'océan, sous les cocotiers. L'eau du lagon, d'un vert émeraude, me tend les bras. Je plonge. Un banc de sardines vient me frôler le ventre. Les algues ondoient à chaque coup de palme. Etendue, j'entends, là, tout près, les ukuleles des musiciens traditionnels aux torses tatoués, beaux comme des dieux, me sussurer à l'oreille mes airs préférés.
Soudain,je suis sortie brusquement de mes rêveries solitaires par de grands rires moqueurs.
-T'as pas fini de ronfler ? On entend que toi à cent mètres à la ronde !
J'écarquille les yeux et découvre toute la bande des jardiniers, pioches et bêches à la main ...
-Debout ! C'est l'heure de défricher la parcelle collective !
Crotte de bique ! Il est 14 h et j'ai subitement faim !
Sylvie
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Commentaires
La jeunesse s'inspire toujours de la nature et de ses bienfaits. Et chaque jardin secret est un jardin unique ! A chacun de cliver sa vie pour en récolter les fruits et faire fleurir ses petits bonheurs.